Le Chat Tricoteur

On mange rapidement. Ma moitié de chat se prépare avec l'aide d'un de mes amis dans une partie de la maison, moi je fais de même dans l'autre avec l'un de mes témoins. Je m'allonge pour respirer... Ma témoin m'enfile ma robe, mes chaussures. Elle s'est préparé avant, elle est magnifique. Ma moitié part en premier seul, je ne l'ai pas vu, bien entendu. Puis c'est à mon tour, on me charge dans la voiture (j'accroche ma fleur dans les cheveux au passage qui tombe, mais la meilleure amie de ma belle-mère me la remet en deux temps trois mouvements, ouf !). Ma témoin suit derrière en voiture. Le convoi est parti ! Ca y est je vais me marier ! Je n'arrive pas à respirer, je suis dans la 4e dimension ! Bonjour les jambes qui gonflent, qui tremblent, et la sensation que tout d'un coup, ta robe est bien trop petite : tu ne peux pas respirer !

On arrive sur la place de la mairie, tout le monde est là dehors à m'attendre. On rentre la voiture dans la cour, mon père vient m'ouvrir la porte. Ma peur de ne pas savoir marcher avec mes talons de 8 cm s'efface, un sourire version giant s'affiche sur mon visage. Il ne le quittera plus. Mon père m'aide à monter les marches de la mairie. J'entre dans la salle. Tout le monde est là. Et François qui m'attend, seul devant la table. Il me découvre, me glisse un "t'es magifique", je souffle, je tremble, je lui dis que lui aussi est magnifique. Et mon père attend... ses lunettes ! Ah oui, ultime détail : c'est mon père qui me marie, d'oùles sentiments décuplés. Je n'arrive pas à tenir en place, mes jambes sont sciées ! Je tremble comme une feuille. La boule dans la gorge qui ne descend pas... Et mon père lance la cérémonie. Rôle du maire ou rôle du père ? Les deux. A tour de rôle. Je me retiens de pleurer une bonne cinquantaine de fois. Les larmes collent aux yeux mais ne coulent pas. Je veux profiter de tout. Je lutte pour tenir debout, pour ne pas vaciller sous toutes ces émotions si intenses. Et puis, devant mon père qui lui aussi est ému comme jamais, je sais que si je plonge, lui aussi plonge. L'une de mes témoins pleure à chaudes larmes, j'évite de trop la regarder pour ne pas pleurer comme une madeleine à mon tour.

L'échange des voeux... Ca y est, mon père nous déclare mari et femme. C'est le soulagement ! Contre toutes attentes, le plus dur aura été la mairie, alors que nous n'étions qu'une petite trentaine, voire quarantaine, alors que c'était cet homme que je connais si bien qui nous mariait.

On sort de la mairie, main dans la main. On dit bonjour à tout le monde. Mais il faut partir, le mariage d'après est déjà sur le parvis et attend ! Direction Vixouze pour faire quelques photos avec notre ami photographe de François et surtout, boire un peu d'eau et... faire pipi !

On remet ça, à l'église. 16H30. Là par contre, c'est 150 personnes qui sont présentes et qui nous attendent. Il fait beau, il fait chaud, tout le monde est ravi de nous voir et nous aussi. Les invités rentrent dans l'église, puis c'est à notre tour. On s'installe. Des dizaines de fleurs, en plus de celles que j'avais prévues, sont arrivées comme par miracle. La générosité des gens...  Le prêtre commence. Je m'attends à entendre un texte quand, au lieu de cela, mes oreilles vibrent. Là-bas, au fond de l'église montent un son que je connais bien. Des chants corses. Je ne comprends pas, des chants corses étaient bien prévus mais pas maintenant ! Je regarde François, il me sourit. Et puis je me rend compte que ce n'est pas une bande son, mais bien de vrais chanteurs qui sont là, juste derrière. Je ne les vois pas. Mais je vibre. Je tremble à nouveau. Tellement d'émotions ! Je ris, je n'arrête pas de sourire. Mon père me regarde et sourit. C'est lui a mis sur pied cette surprise. J'ai les larmes qui débarquent à nouveau. Une fois le chant terminé, les trois chanteurs corses s'installent face à nous. Ils chanteront plusieurs fois durant la cérémonie. Un cadeau béni des Dieux. Un cadeau de mon père qui est ami avec Eux.

La bénédiction se passe. Au moment de l'échange des voeux, François perd son latin, il s'arrête, trop ému. Je ris. Nous nous échangeons nos alliances. François me donne la mienne, la met, je fais pareil, mais je n'arrive pas à lui mettre. Je ris, tout le monde rit ! 

 

Et puis on signe les registres avec les témoins, et c'est la sortie de l'église avec All you need is love des Beatles. Génialissime. On sort, une pluie de riz s'abat sur nous, on nous mitraille de photos. On est heureux, tout le monde a l'air de l'être aussi.

On reprend la voiture direction le château. On s'installe dans le jardin. On attend les invités, et là, c'est le défilé ! Ceux que l'on a déjà vu qui viennent nous féliciter, ceux que l'on a pas encore eu le temps ou l'occasion de voir qui en font de même. Une photo par ci une photo par là. En fait, j'ai passé les deux heures du cocktail à poser avec tout le monde ! Je m'accorde une petite pause avec ma témoin et une copine, le temps de changer de chaussures et descendre d'un étage, celui des ballerines ! Une flûte de champagne, une petite cigarette, les pieds nus dans l'herbe loin de la foule, un vrai moment de détente.

Et puis c'est reparti, encore et toujours des photos. Heureusement, la soeur de mon mari qui connait cela pour y être déjà passée, m'apporte des petits fours. Si elle n'avait pas été là, je n'aurais rien mangé !!! Pas le temps ! J'ai même pas vu la tronche du buffet que l'on a payé si cher... Enfin, tout le monde a l'air heureux, le soleil brille, le cadre est magnifique, c'est magique.

Le temps est venu de passer à table. On est tellement bien dehors qu'on a du mal à se diriger vers la salle, mais on y arrive. Enfin je pose mes fesses ! Ouf ! Petit moment de flottement, je décompresse. Entrée foie gras, puis brochettes de lotte et saint jacques, trou corsic'auvergnat (glace châtaigne et liqueur de châtaigne) filet de boeuf et truffade... Plats copieux, service au top et vin du tonnerre, On est proche de la perfection sans rire !

Et puis, on ouvre le bal avec François sur Over the rainbow d'Israel Kamakawiwo'olé. Je pleure, je suis heureuse. François aussi. Plus tard, je saurai qu'à ce moment là, plusieurs personnes ont versé une petite larme, tout comme à la messe d'ailleurs... Juste après : rock'n'roll baby ! Tout le monde est sur la piste, TOP ! Des moments inoubliables. Mon mari paie des cigares à ses potes proches, le champagne continue de couler à flots, entre les desserts et les macarons.

On voulait partir à la base vers 2H30 - 3H pour aller profiter de notre suite qui nous attendait dans un autre château pas très loin, mais finalement, on reste jusqu'au bout, à 4h, peu avant que la musique ne s'arrête.

Petit à petit, les jours qui passent atténuent toute cette tension si bonne, les souvenirs s'ancrent à vie, on se rappelle mutuellement des beaux moments, des instants magiques, des minutes qui ont filé nous laissant aujourd'hui des millions d'étoiles dans les yeux (rouges pendant un certain temps !). Oui, c'était le plus beau jour de ma vie.